On vous le concède, cette météo de début de printemps a des allures de chansons de Brel, Paris ressemble à un plat pays où le canal se serait pendu … mais après tout, pourquoi s’en plaindre ? Voilà une occasion en or pour rattraper les petits retards culturels pris ces derniers temps (si, si, on le sait …)
1 – Une mise en scène qui réunit les contraires
Le musée Rodin ne cesse de surprendre et d’affirmer sa place singulièrement moderne sur la scène artistique française, comme le souligne cette exposition qui, pour le centenaire du sculpteur, met son oeuvre en regard de celle du très contemporain Anselm Kiefer. Les deux hommes, attirés par l’accident, exploitent tous les domaines, manipulent toutes les matières, empruntent les chemins de traverses et s’autorisent des oeuvres qui saisissent le spectateur. Cette exposition construite miroir est une réussite.
Musée Rodin, 19 boulevard des Invalides, 75007 Paris
2 – L’expo des grands chefs-d’oeuvre
Une fois de plus, c’est un bonheur de déambuler dans le très beau musée Jacquemart André, qui cette fois-ci met à l’honneur le passage, du temps, de la connaissance, des influences … les sculptures antiques et les tableaux de Zurbarán, Tiepolo, Canaletto, Guardi et Goya voisinent avec les peintures et les dessins de Toulouse-Lautrec, Gauguin, Van Gogh, Picasso, Van Dongen, Modigliani, Schiele, de Staël, Freud, Rothko ou Barceló, mais aussi les sculptures de Giacometti, Bourgeois et Richier s’y côtoient… Une collection unique à ne pas rater.
3 – Un film qui mélange les genres
C’est l’histoire croisée d’un homme qui quitte sa femme alcoolique et d’un autre qui, réfugié syrien, cherche l’exil à Helsinki. Outre l’histoire, qui est bien menée, intrigante et charmante, il y a un ton décalé délicieux, une esthétique soignée et des jeux d’acteurs à tomber. On sent bien que l’on est en Scandinavie, et l’auteur en joue : pinces sans rire, les personnages sont statiques, mal aisés dans des corps qui semblent trop grands pour eux, et pourtant l’humain affleure et cette rencontre donne l’occasion d’une aventure vraiment savoureuse. Du très bon cinéma.
L’Autre côté de l’espoir, Aki Kaurismäki
4 – Une pièce qui détend
C’est l’histoire d’un homme qui travaille à l’Assemblée, qui aimerait bien profiter de ses après-midis parisiennes pour jouer les jolis coeurs, mais dont la femme est un peu collante … Même femme qui est aussi, au passage, un peu nymphomane, alors que l’assistant du monsieur est naïf mais tout de même sensualo-avide … Bref, vous l’aurez compris, c’est l’amant dans le placard, la femme dans la salle de bain, les portes qui claquent et les hauts cris. C’est sympathique, ça détend, c’est idéal un jour de pluie.
C’est encore mieux l’après-midi
Théâtre Hébertot – 78 bis Boulevard des Batignolles, 75017 Paris
5 – Un livre à redécouvrir
Quand le temps parait désobligeant dans notre beau pays, un conseil : filez en Russie. Là, il fait un froid mortel, les personnages sont ivres de vodka, et les conversations existentielles se déclinent au fil des pages … Alors, oui, Tourguéniev, c’est éculé, diront certains, mais déjà, ils ont tord, et ce roman là, Père et fils, parle de l’émergence d’une nouvelle mentalité et de la fin d’un monde, du nihilisme des uns contre l’ordre des autres … il y a comme un parfum d’actualité dans ce livre du XIXe siècle. A (re)découvrir absolument !
Pères et fils, d’Ivan Tourgueniev
