Rue Jacob, faisant face à la plus jolie place parisienne où le Musée Delacroix s’acoquine à la Maison du Chou, la Galerie Furstenberg brille par son unicité et son originalité sur le marché de l’art parisien. Prisée par les spécialistes, les initiés et les passionnés d’art précolombien, elle décrypte des mondes oubliés qui ont beaucoup à nous apprendre sur la modernité.
Rencontre avec Jean Christophe ARGILLET, l’ange gardien de ces pièces d’exception.
Quelle est l’histoire de la galerie ?
Ce sont mes parents qui l’ont ouverte en 1971, avec une exposition sur Dali et le surréalisme. Cet ADN a longtemps perduré, puis j’ai vu une exposition formidable en 1997, à Genève, sur le Mexique. Elle m’a bouleversé et ouvert un nouveau champ de réflexion, qui a pris corps dans la galerie.
L’art précolombien ; une passion ?
Une passion, une fascination. Un mystère entoure encore ces civilisations dont on connait peu de choses. La première découverte archéologique concernant les précolombiens a eu lieu très tardivement, au XIXe siècle : elle a ouvert la voie à trois millénaires stylistiques. Les objets qu’on peut admirer ici sont les seuls témoignages de ces cultures ; ce sont des objets rescapés des destructions, des interdictions de culte …
En quoi l’art précolombien reste-t-il fertile dans la modernité ?
A mes yeux, il représente l’opposé d’une tendance dangereuse de notre ère téléphonique. Les gens s’affranchissent du réel au profit du virtuel : l’image est prise en photo avant d’être regardée, captée avant d’être vécue ; comme si tout passait par le filtre de l’écran. On assiste à un abus de l’image et du tout connecté. Ces objets ont en eux la puissance d’inviter à regarder à nouveau, avec les yeux et non pas avec l’écran, car ils sont dotés d’une présence qu’aucune photo ne pourra jamais remplir.
Parle-t-on d’art(s) au singulier ou au pluriel ?
D’arts au pluriel ! Les objets, les styles, les formes sont très différents d’une région à l’autre, à époque identique. La statuaire révèle bien le degré d’avancement d’une civilisation. L’art Aztèque, par exemple, qui bénéficie d’une bonne presse, est moins intéressant que celui du premier millénaire avant Jésus Christ. Il est dégénéré, représente une société délitée, obsédée par la mort.
Avez-vous des projets sur le feu ?
En mai, je pars à l’Abbaye de Cluny pour le Bourgogne Tribal Show, un salon international d’art premier qui réunit les spécialistes et agite les curiosités. J’aimerais faire passer le message que l’art précolombien n’est pas réservé aux spécialistes : il s’adresse aux curieux, à ceux qui aiment cultiver leurs intérêts et ouvrir les yeux !
⇒ Infos pratiques : GALERIE FURSTENBERG – 8, rue Jacob – 75006 PARIS // 01 43 25 89 58