LVMH s’offre L’Opinion et L’Agefi : un coup stratégique sur l’échiquier médiatique
Le géant du luxe LVMH a finalisé le rachat de Bey Médias, maison mère de L’Opinion et L’Agefi, renforçant ainsi son emprise sur le paysage médiatique français.
Déjà détenteur des titres Les Échos, Le Parisien et, plus récemment, Paris Match, LVMH poursuit sa stratégie de diversification en mettant la main sur deux titres clés de l’information économique et financière. Une acquisition loin d’être anodine dans un contexte de concentration accrue des médias.
Le 2 juillet 2025, LVMH a officialisé le rachat de 100 % de Bey Médias, consolidant une présence déjà amorcée avec une participation de 25 %. Cette manœuvre permet au groupe dirigé par Bernard Arnault d’intégrer à son giron les journaux L’Opinion, avec son supplément luxe et lifestyle baptisé O2, et L’Agefi, média spécialisé dans l’économie et la finance. À eux deux, ces titres emploient 150 personnes, dont 90 journalistes. Les rédacteurs en chef, Rémi Godeau et Alexandre Garabedian, restent en poste, garantissant une continuité éditoriale affichée.
Paris, centre de gravité médiatique du luxe
Ce renforcement médiatique s’inscrit dans une logique de pouvoir d’influence, notamment à Paris, où tous ces titres ont leurs bureaux. L’Opinion, ancré dans la capitale depuis sa création en 2013 par Nicolas Beytout, y a développé une audience fidèle dans les cercles économiques. Quant à L’Agefi, sa présence historique à Paris en fait une référence pour les professionnels de la finance. Ce lien avec Paris est aussi stratégique : c’est là que se croisent les sphères du pouvoir, du luxe et des médias, donnant à LVMH un levier supplémentaire pour façonner les récits.
Une indépendance affichée mais surveillée
LVMH a intégré Bey Médias à Ufipar, une filiale distincte du pôle Les Échos – Le Parisien. Une manière de maintenir une relative autonomie éditoriale tout en assurant une cohérence stratégique. Toutefois, difficile d’ignorer les questions sur l’indépendance des rédactions, dans un contexte où l’appartenance à un grand groupe peut peser sur les choix éditoriaux.
Une stratégie d’influence assumée
Ce rachat, comme ceux de Paris Match ou du Parisien avant lui, illustre une volonté claire de LVMH : contrôler son image, investir dans le symbolique et participer au façonnage de l’opinion. En dépit d’une croissance ralentie en 2024 (+1 %), la firme continue de miser sur la presse comme outil d’influence. À Paris, cette dynamique est particulièrement perceptible : les grandes rédactions ne sont jamais loin des sièges des maisons de luxe.
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