Le « performative male » : nouvelle figure masculine ou pur produit de TikTok ?

Star virale des réseaux sociaux, le « performative male » mêle séduction stylisée, engagement affiché et sens du détail. Une posture aussi admirée que questionnée.

On le croise dans les cafés de la rue Oberkampf, aux Buttes-Chaumont ou sur les quais de Seine, matcha à la main, Derniers Jours à Berlin dépassant d’un tote bag. Le « performative male » a envahi TikTok, les terrasses parisiennes et les fils Instagram, créant un véritable phénomène socioculturel.

Ni macho, ni alpha, cet homme joue la carte de la sensibilité militante, du féminisme apparent et de la culture alternative, mais avec une précision chorégraphiée. Short vintage, bague massive à l’auriculaire, écouteurs filaires et roman féministe en main : tout semble calibré pour séduire un female gaze bien ciblé. Chaque geste, chaque accessoire, chaque pose semble destiné à être vu, liké, interprété.

Un héritier sophistiqué du « soft boy »

Le performative male ne tombe pas du ciel : il descend en droite ligne du soft boy des années 2010. Mais là où le soft boy affichait une sensibilité brute, souvent sincère, son successeur a intégré les codes du marketing émotionnel de soi. Il agit sous regard, construit son image comme une mise en scène maîtrisée. Ce n’est plus l’émotion qui prime, mais sa représentation.

En cela, il ne fait qu’incarner une époque dominée par les réseaux sociaux, où l’identité se construit dans l’œil des autres. Ce n’est plus seulement être qui compte, mais avoir l’air d’être bien intentionné.

Une mode qui frôle parfois la caricature

À New York, Toronto ou même dans certains parcs parisiens, des concours de performative males ont vu le jour : lecture publique de bell hooks, guitare en bandoulière, sac rempli de protections menstruelles « en cas d’urgence ». Si la démarche peut sembler absurde, elle met en lumière l’ambiguïté de ce profil.

À force de cocher toutes les cases de la « virilité déconstruite », le performative male finit par flouter la frontière entre conviction réelle et séduction stratégique. Il donne à voir une masculinité plus douce, certes, mais au risque de transformer l’engagement social en accessoire de mode.

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