Beauvoir, Sartre et Giacometti : une exposition qui trouble les frontières

Et si l’art, la philosophie et la littérature ne formaient qu’un même vertige ? C’est le pari de l’exposition « Vertiges de l’absolu », qui s’installe à l’Institut Giacometti du 19 juin au 12 octobre 2025. Un événement à la croisée des disciplines, rendant hommage à Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Alberto Giacometti.
Un trio intellectuel réuni à nouveau
Cette exposition inédite retrace l’amitié et la quête d’absolu partagées par les trois figures. On y découvre une reconstitution des échanges menés à Paris dans les années 1940, mais aussi à Genève en 1946, où leur collaboration sur la revue Labyrinthe marque une transition nette : de l’ombre du surréalisme vers une radicalité plastique et philosophique nouvelle.
À travers sculptures, essais, archives et objets personnels, le parcours donne chair à une génération en rupture, résolument tournée vers une modernité engagée.
Des œuvres emblématiques au cœur du récit
Parmi les œuvres présentées, on retrouve L’Objet invisible (1934), La Main (1947), ou encore le plâtre Simone de Beauvoir (1946), sculpté par Giacometti lui-même. Chaque pièce entre en résonance avec les écrits de Beauvoir et Sartre, exposés dans un décor restituant les lieux qu’ils fréquentaient : l’atelier, la chambre du 11bis rue Victor-Schoelcher, ou encore les cafés parisiens.
La scénographie, signée Éric Morin, invite à un voyage mental entre art et pensée, soutenue par les photographies sensibles de l’artiste Agnès Geoffray.
Giacometti, entre doute et génie
Au-delà de l’exposition, l’œuvre de Giacometti elle-même mérite l’arrêt : ses figures longilignes, nées après la guerre, semblent porter les blessures et les silences d’une époque. À la fois sculpteur, peintre et écrivain, il figure parmi les rares artistes à avoir saisi l’angoisse existentielle dans la matière même.
Une exposition dense, vertigineuse et sensible, qui s’adresse autant aux amateurs de philosophie qu’aux passionnés d’art moderne. À voir absolument à l’Institut Giacometti, 5 rue Victor-Schoelcher, Paris 14e.
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